Les musiciens demandent beaucoup à leur corps : être à la fois en équilibre et stable, tout en ayant suffisamment de liberté de mouvement pour permettre une exécution parfaite quelles que soient les circonstances. Beaucoup de pressions interviennent également dans la réalisation des gestes techniques et expressifs, tout en donnant l’impression de facilité d’exécution, avec le sourire de surcroit.
La plupart d’entre nous commencent par jouer d’un instrument puis travaillent la posture par rapport à son instrument (j’inclus le chant dans ce constat) seulement lorsque celle-ci freine réellement la progression. Certains ne connaîtront peut-être jamais de tels problèmes, d’autres rencontreront de sérieuses douleurs dues à l’effort ou aux tensions, y compris en dehors de la pratique.
Je suggère une approche qui, anatomiquement, a plus de sens : d’abord construire la fondation, ensuite passer à une pratique plus intense. Du point de vue de la physiothérapie, l’exécution musicale requiert un haut niveau physique en raison de la posture, de la précision du geste et des heures de travail répétitives (sans compter, dans certains cas, la lecture simultanée de la partition). Le corps permet de réaliser des choses incroyables pour peu que les conditions soient réunies : une respiration libre et une posture appropriée, faisant intervenir les muscles stabilisateurs et cela avant même de bouger. Nous ne répéterons jamais assez que nous devons travailler avec le corps plutôt que contre son état optimal. Mais savoir ne suffit pas. Encore faut-il s’entraîner jusqu’à ce que cela devienne une habitude, sans effort. Vous vous épargnerez ainsi une grande dépense d’énergie qui pourra alors être utilisée à des fins plus musicales.
Avant de courir, nous devons apprendre à marcher. Je vous invite à essayer trois exercices simples, portant sur la respiration, la conscience de la posture et l’équilibre. Aucun travail sur la posture ne vous serait utile sans la pratique de ces trois exercices fondamentaux. Si vous ne deviez pas pratiquer d’autres exercices que ces trois fondamentaux, ils vous assureraient néanmoins le parcours d’un long chemin. Commençons donc par le premier, la respiration :
Respiration
Prenez conscience de votre respiration. Un soupir, un bâillement arrive. Avez-vous l’habitude de vous retenir ? Au contraire, laissez-les venir, ils sont la réponse de votre corps. Prendre conscience de ma respiration, me donne souvent la sensation d’un besoin important de soupirer, ce que je fais immédiatement avec grande satisfaction.
Où sentez-vous votre respiration dans votre corps ? Est-elle coincée dans votre gorge ? Essayez de l’installer plus en bas, dans le ventre. Laissez celui-ci se remplir librement et relâchez-vous à chaque inspiration. Peut-être sentirez-vous aussi quelque chose dans le bas du dos. À chaque expiration, relâchez vos épaules, en les laissant tomber légèrement.
Êtes-vous conscient de bloquer votre respiration lorsque vous vous concentrez sur un morceau ? Dans ce cas, essayez de réguler son flux avec celui du morceau.
Rappelez-vous qu’il est plus important de s’exercer sur un ou deux aspects de la technique régulièrement que sur beaucoup, peu souvent. Ces exercices simples vous permettront d’obtenir de meilleurs résultats, tout en vous encourageant à continuer. Au cours du prochain article nous aborderons la prise de conscience de la posture ou comment se surprendre soi-même. Bonne pratique !
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